Les Tyroliennes Saint-Jambiennes ( Alice Guéricolas Gagné et Mélina Kerhoas ) m'ont invité à participer au projet "La montée des eaux" à Québec.
Saint-Jambe, d'Alice Guéricolas Gagné est un roman qui dévoile, une histoire à la fois, un quartier Saint-Jean-Baptiste fantasmé et fantaisiste.
Mon séjour à Québec a abouti à la création de 11 illustrations, légendées par les aphorismes d'Alice :

Lors des grandes marées, nous plongeons au cœur de la Basse-Ville engloutie en quête de nos propres profondeurs, célébrant ainsi les aventureux fondateurs de la boutique d’hommes-grenouilles qui étaient prêts depuis longtemps pour l’insularisation de Saint-Jambe.
Sous les autoroutes de la mer tourbillonne la sagesse de la Basse-Ville, sédiment condensé sous forme de sel qui gruge les ruines ; « L’eau elle-même est un fossile qui ne s’est jamais trompé ».
En plus de guider la navigation autour de l’île de Saint-Jambe, ces phares sont nourriciers : la chaleur dégagée par les serveurs informatiques fait foisonner une végétation dense illuminée d’oranges, rappelant que les fleuves sont l’enfance des fruits.
Le traversier laisse le quai à ses petits mouchoirs d’adieu dans le vent, car nul ne sait quand il atteindra les îlots en lisière des Laurentides ; il y aboutirait sans doute, petit gin aidant, non sans avoir bifurqué au passage dans un festival de l’archipel des clochers de la Basse-Ville.

Lorsque Charlot, gaspésien de naissance, a senti dans ses os que les eaux monteraient, il s’est mis à cultiver le cap, depuis la côte Badelard jusqu’à la Pente Douce ; à force d’enthousiasme partagé, la Tour se transforma en une bibliothèque de semences anciennes.
La marée baisse, dévoilant le haut des tours de la Basse-Ville enlisées dans la vase de l’économie de marché, tandis que sur le quai, des transactions diverses se préparent au gré des anecdotes - poisson contre broderie, comptine contre poème.
Depuis notre aquarium, nous devenons des curiosités pour les planctons luminescents qui s’immiscent dans les ruines pour les éclairer, tels des grains de sable dans les engrenages du système destructeur inventé par notre espèce.
La dénumérisation de la société avait rendu visibles des réalités qu’Internet avait confinées derrière des écrans ; désormais, le vertige des premiers pas des amourettes était suspendu au câble d’une tyrolienne descendant éperdue dans l’aube.
En gelant, la mer immobilise les maisons flottantes et agrandit l’île de Saint-Jambe ; la banquise, devenue un pont de glace pour les amitiés saisonnières, ouvre une plage de calme où les sons s’étouffent dans l’hiver.
Sur le parvis, une statue était venue déposer sa jambe, déstabilisée de réaliser qu’elle n’arrivait pas à la cheville des sculptures de neige ou de sable que nous façonnons pour incarner, puis sublimer, nos tensions éphémères.
Dans la chaleur, nous entendons fendre les grumeaux d’entrepreneuriat de soi que quelques discours tenaces avaient fait s’agglomérer en nous ; en écho tempêtent les morceaux de glace qui se détachent de la banquise avant de sombrer dans les vagues.
L'expo de rue :
Des tirages numériques ont été exposées dans les fenêtres des habitants du quartier Saint-Jean-Baptiste, un parcours a été proposé. ( Photos : Débora Flor )

Afin de rendre l’univers imaginé encore plus tangible, l’exposition est animée le temps de quatre soirs par un parcours théâtral dans le quartier. ( Photos : Débora Flor )
Chaque image a fait l'objet d'un tirage en 25 exemplaires numérotés et signés, en utilisant la technique de l' alugraphie :
Plus d'infos sur l'univers de Saint-jambe ici : http://saint-jambe.com/montee-des-eaux/
Back to Top